Plutôt que d'essayer d'enseigner la morale à nos enfants, on devrait sans doute l'apprendre à ceux qui se permettent de nous la faire à longueur de journée.

J'ai personnellement une leçon de morale chaque matin et une autre chaque soir (d'ailleurs, c'est la même). C'est une morale bienfaisante dispensée par les bus que j’emprunte pour aller à mon travail, elle dit quelque chose du genre "si tu prends ce transport s'en en avoir payé le coût, tu es un vilain". C'est presque aussi exécrable que les portes d'entrée dans les métros parisien (mais je digresse).

Ce week-end j'ai pris la nationale 12 pour me rendre un peu plus à l'ouest de Paris. Cette route a, à certains endroits, des panneaux noires en forme de silhouette, c'est censée représenter une personne décédée sur ces lieux. Quelqu'un, soucieux de répandre la saine morale, y a retranscrit la cause principale de la mort. On peut donc y lire "j'ai grillé la priorité" ou encore "je prenais cette route quotidiennement", voir même "maman avait oublié d'attacher ma ceinture" (je passe sur le caractère polémico sexiste de cette dernière).

Quand exactement avons nous glissé dans cette mouvance moralisatrice plutôt qu'informative? Je me demande bien si un jour on pourra lire en parcourant la N12 la phrase suivante sur une silhouette de victime: "Je lisais les messages des panneaux-silhouettes".